Noël se fait son cinéma et, devant des salles obscures imaginaires aux écrans éternellement blancs, colle les affiches bien réelles de films chimériques. Elles sont l'essence photographique d'une filmographie très personnelle où la maîtrise technique (j'admire d'autant plus les manipulations et numériques triturages que je n'y entends rien) porte une idée, une histoire, une énigme, une angoisse, bref une façon de nous dire son monde.
Et l'univers cinématographique de Noël tient moins de la comédie légère que du polar. C'est la "Série noire" (film existant celui-là) : "Le bad boy", "La cible", "Profession tueuse", "Le poing", "Le microfilm", "Le conflit", "Le clan", "Inspecteur Pool", "Féminicide". S'y croisent quelques objets fétiches (revolver, munitions, poignard...) dans la trilogie chromatique de l'angoisse -noir, blanc, rouge- (voir " Profession tueuse", ma préférée, l'affiche, pas la tueuse). Splendides mises en page, denses, compactes, faites de couches photographiques sédimentaires où se fondent et s'affrontent visages et silhouettes sombres dans des compositions savantes, dynamiques, voire percutantes. Quelques intrus, comme "La famille Tintamarre", qui annonce peut-être une comédie souriante mais je doute que son vacarme rigolard fasse autant de bruit que la balle qui explose le verre dans "Le conflit". Mention spéciale très personnelle (je suis en tête d'affiche !) pour "Expédition Svalbard" : Noël expédie le polar pour le polaire.
Il retourne aussi l'ordre prescrit, renverse la table ( de montage ?) : l'affiche précède le film... Pourquoi les producteurs et réalisateurs, qui s'inspirent parfois d'oeuvres littéraires pour construire un scénario, ne partiraient-ils pas de l'affiche pour imaginer leurs films ? Noël, un jour, tu toucheras des droits d'auteurs !
Bravo et merci !

Bernard